Par Georgéus Gréco, édité par G.Barbe
18 Juin 1966 : L’amnésique aux bras d’acier (partie C)
Tout me revient peu à peu. Mon passé, la nature de mes pouvoirs, leur pourquoi, leur comment. Comme les atomes et leurs constituants sont à la base de ce qui constitue notre univers, les hymers, par leurs vibrations, scellent ensemble les potentialités qui lui donnent sa cohésion. En décomposant le son, en m’aventurant bien au-delà de l’audible, j’ai découvert un univers d’énergie inviolé grâce auquel le nôtre se maintient. Il est impératif que je récupère car non seulement je reviens à la vie, mais au travers de cette inaction forcée, je me retrouve seul face à moi avec l’introspection comme seul compagne. C’est au travers des rêves que je remonte à la surface les pièces de ce que j’ai été.
Soudain, un choc m’a ramené à la réalité, je me suis réveillé en sursaut. Il fait sombre mais je ne saurais dire s’il fait jour nuit, les volets ayant été fermés pour nous garder du froid himalayen. J’ai perdu la notion du temps, à force de dormir, à force de fièvre.
A côté de moi, une autre victime tombée au combat semble dans un état bien pire que le mien, une femme recouverte d’une épaisse fourrure, ses longs cheveux la couvrant comme un manteau au travers duquel je crois deviner trois paires de bras griffus. Malgré le court pelage qui le recouvre et son nez semblable à un museau, son visage n’est pas sans rappeler celui de Marilyn Monroe. Quelqu’un l’a appelé Sphinx, un autre Lamasshu. J’ignore l’ampleur de ses blessures mais les bandages entourant son thorax laissent croire à des côtes cassées. Deux de ses bras sont dans le plâtre et un pansement recouvre son front. Je ne l’ai pas vu consciente depuis mon arrivée.
Mais ce n’est pas à un rêve que je me suis arraché en ouvrant les yeux; à un souvenir, plutôt. J’étais dans une grande pièce au plafond bas, L’image est celle d’une de ses salles paroissiales aménagée au sous-sol des églises. L’agent Alto m’avait contacté et amené à ce meeting secret mais c’est le docteur Mars qui présidait l’assemblée. Autour de la table, on ne retrouvait que de gros joueurs. L’heure devait être grave pour que se retrouvent sous un même toit MacBeth Swackhammer, le dandy aventurier, et Sir William Reynolds. La rumeur voulait que ce soit lui le responsable de l’accident qui avait forcé Swackhammer à devoir porter la colonne vertébrale artificielle dont il était aujourd’hui constamment affublé. La présence de Reynolds n’avait rien pour rassurer. On disait qu’il avait maintes fois sauver le monde mais non sans que de nombreux autres y aient laissé leur vie. L’air affable dans son tweed d’académicien britannique, il avait tout du stratège désintéressé qui mène à la victoire sans regarder à la dépense. Mais la liste s’allongeait, Manfred Hosiristein, l’homme de tous les noms et le professeur Guillotine, qui disait-on, avait le pouvoir de voyager à travers les différentes incarnations de la réalité. Quel pouvait bien être la raison qui avait réunis ces hommes sous le même toit. Mais ils n’étaient pas seuls autour de la table. Mon dieu, que faisait-il là? Quel péril pouvait être assez grand pour que, comme si la chose allait de soi, se joigne à pareil assemblée un être sembable. Là, dans l’ombre se terraient le docteur Von Desmond Katastrofius.
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